-  DEEP COLD (ROZ&LEANDRE) -

Cela doit faire au moins deux heures que Leandre a les yeux plongés sur son ordinateur, à écumer les sites internets ou à surveiller les signalements que certains réseaux sociaux peuvent lui envoyer. Cherchant la faille de crimes réalisés, ses pupilles commencent à le piquer, reculant son fauteuil, il se frotte les paupières tout en baillant comme un loir, incapable de dissimuler sa fatigue que tous peuvent ressentir.

Le commissariat grouille d’activité aujourd’hui, il faut dire que la journée est plutôt calme, à part quelques appels de petits plaisantins qui ne trouvent rien de mieux à faire que des canulars ou cette vieille femme qui a appelé parce qu’elle a vu de drôles d’activité du côté de chez elle : du trafic de drogue, encore et toujours. Un véritable fléau, mais de toute manière Leandre sait qu’ils ont beau faire, les forces de l’ordre n’arriveront jamais à endiguer cela. D’autant plus que ce serait très hypocrite de sa part vu qu’il a un énorme passif avec la marijuana et l’ecstasy. Oui, plus jeune c’était un camé, mais il a réussi à s’en sortir rapidement, se rendant compte du bordel monstre que ça créait chez lui.

Il se lève enfin, voulant aller à la machine à café, il y insère ses pennys pour demander un café court noir sans sucre. Ce ne sera pas de trop pour tenter de se réveiller. Oui, il est quatorze heures, mais ce n’est pas une raison pour ne pas avoir la tête dans le cul. Une fois servi, le policier va dans la cour arrière pour allumer une cigarette qu’il fume tout en buvant sa boisson chaude.

Leandre fume rarement, et toujours au travail, presque jamais avec Spike, cela arrive en soirée, mais pas dans à la maison, d’autant plus qu’il tient à développer un environnement saine et stable pour son fils.

– Hartley, t’as eu du nouveau pour l’intervention de la semaine dernière ?

Le dénommé se retourne vers sa collègue avec qui il est parti en urgence pour rejoindre une scène d’agression : un jeune homme a été tabassé par ce qui s’apparente à un gang. Les policiers n’ont retrouvé personne et les souvenirs du pauvre gamin ne permettent pas d’établir de portrait robot. Secouant la tête, Leandre soupire avant de répondre.

– Non, on fait chou blanc. Je pense que le mieux ce serait d’établir des rondes dans ce coin-là pour voir si on peut les choper.

Elle lui fait un petit signe de tête et s’esquive tandis que le jeune marié reste seul dans la cour en éjectant la fumée de sa cigarette par les narines. L’air chaud de l’extérieur lui permet de mieux se sentir, au moins il n’a plus la climatisation du commissariat qui lui tape sur la nuque. Le nombre de fois qu’il est tombé malade avec cette saloperie.

Au bout de dix minutes de pause, il se décide enfin à retourner à son bureau pour se remettre au travail de façon plus sérieuse. Il doit encore vérifier une bonne cinquantaine de signalement aujourd’hui, son coéquipier lui en a autant à écumer. C’est un travail long et peu gratifiant, mais nécessaire pour la sécurité de tous sur la toile. D’autant plus que cela lui permet de rester en sécurité plutôt que d’aller sur le terrain, même si parfois il n’a pas le choix. La preuve en est avec la cicatrice assez dérangeante qu’il a sous l’aisselle droite à cause d’une balle tirée par un flic de mèche avec un trafiquant d’héroïne.

Leandre, y a une jeune femme qui t’attend à l’accueil, qu’on lui annonce sur le serveur de la police grâce à une notification.

Il soupire avant de se lever en maudissant cette distraction, son travail ne sera jamais terminé à temps. Mais peu importe, c’est son devoir d’aller voir ce qu’il en est. Se dirigeant vers l’accueil, la personne qui demande à le voir n’est autre que Roz. Putain, qu’est-ce qu’elle fou là ?

Il se dépêche d’arriver avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit à quiconque dans le commissariat et lui fait un signe de tête de le rejoindre dehors, sur le parking où il n’y a personne pour le moment.

– Roz, tu sais très bien que tu peux pas débarquer n’importe quand ici.

La vérité c’est qu’il pourrait même perdre son boulot vu ce qu’il fait. Il y a eu une sale affaire et qui a été vite bouclée, trop vite pour que ce soit normal. Le chef ne voulait pas qu’on en parle ou qu’on cherche à en savoir plus, sauf que Roz y est mêlé et Leandre n’a écouté que son cœur, sachant très bien qu’il risquait très gros. Et la voilà qu’elle déboule au seul endroit où elle ne devrait pas être. D’autant plus que vu la façon dont elle l’a traité quand elle est partie de Fort Myers sans donner de nouvelles, il l’a plutôt mal pris et depuis leurs rapports sont plutôt froids.

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@roz roscoe

DEEP COLD - @leandre hartley & @roz roscoe
le congé en fardeau, les distractions manquent à son esprit nostalgique. et si les conversations de leur colocataire - et propriétaire - miss hudson savent durer des heures, la patience aimable de roz ne pousse jamais aussi loin. d'une politesse fade elle s'extirpe de ce traquenard dans lequel elle s'est volontairement embourbée, la migraine en prétexte, mais les prunelles trop fuyantes pour paraître sincères. miss hudson, brave femme à la bonté parfois maladive, ne la retient que d'un sourire bienveillant. elle qui a vécu plus d'années que sa propre mère a au compteur, comprend. peut-être sait elle lire la tristesse dans le fond de ses rétines - ou tout simplement que ses oreilles se collent trop souvent au mur pour capter, curieusement, des bribes de conversations intimes. roz a la certitude qu'elle sait, commère respectueuse des instants capturés, elle pourrait piquer à vif dans ces plaies encore béantes, mais elle s'abstient la paume en caresse pleine de compassion. roz allongée sur son lit défait se laisse absorber par le silence entrecoupé des éclats de voix émanant de le télé. peut-être qu'elle devient un peu sourde finalement, miss hudson. d'un réflexion masochiste, roz plonge coeur ouvert dans l'antre de ses démons. à parcourir les souvenirs photographiés dans son portable elle devient sa propre tortionnaire. les pulpeuses mièvres, elle retourne à cet avant qui lui manque tant, à ces instants où elle ne savait pas tellement prendre conscience la chance que représentait sa présence. lui qui est parti et qui, contrairement à elle, ne reviendra pas. ses phalanges se perdent sur un visage que l'on désire gravé à jamais, puis les derniers mots envoyés suffisent à l'achever. pas de désespoir, mais de colère. parce que roz a ce besoin de savoir, ce désir de justice inassouvi. et si elle n'en dit rien face à johnny, elle blâme amèrement les forces de l'ordre de ne pas être allés au bout de leur boulot.
la porte claque sur son passage, l'élan impulsif la menant à l'extérieur. quelques pâtés de maison seulement la séparent du poste de police. elle a le regard fixé dans le vide, mais rivé sur sa quête. roz, qui parcourent ces quelques mètres, n'a qu'une idée en tête - savoir, comprendre, avancer. et elle sait à qui s'adresser. surprise, mais pas intimidée par la foule qui s'active dans les locaux, elle se pare de son plus beau et plus charmeur sourire en s'avance d'un pas décidé jusqu'à la réception. "bonjour, serait-il possible de voir leandre hartley s'il vous plait ?" c'est urgent qu'elle s'apprête à ajouter pour appuyer sa demande, mais se retient, consciente de la suspicion qui pourrait en découler. "j'ai à lui parler." les cils papillons, elle reste vague, faussement bienveillante face à l'air interrogateur de son interlocuteur. à sa grande surprise roz n'a pas à jouer des coudes pour parvenir à ses fins et sagement s'exécute quand celui-ci la somme de patienter. elle ne s'attendait pas à un élan affectueuse ou au contraire à la moindre animosité, mais c'est une tornade anxieuse qui lui fonce dessous en l'emportant à l'extérieur. "ça va tu me prends pour qui ? j'ai rien dit d'alarmant tu crains rien." roz roule des billes, le soupire insistant l'effet dramatique de la situation. elle est de mauvaise foi parce qu'elle sait ce qu'elle risque et lui fait risquer, elle sait qu'elle ne devrait pas être là, qu'elle devrait se contenter de ce qu'il lui offre déjà. parce que leandre aurait pu la bazarder, l'envoyer bouler, mais qu'il a accepté de l'aider. "puis je vois pas le mal dans le fait qu'une vieille connaissance vienne prendre des nouvelles de son ami d'enfance sur son lieu de travail." l'arc sourcil accentué, elle hausse les épaules d'un air désabusé bien trop obsédée par ses propres besoins pour prendre conscience des dommages qu'elle peut provoquer.

Leandre est un peu effrayé à l’idée que Roz soit venue au commissariat. Il prend d’énormes risques en aidant la jeune femme à enquêter sur la mort de son ami. Si son chef l’apprend, il risque d’être traduit pour insubordination et il pourrait perdre son travail. Il ne peut pas se le permettre, surtout pas avec sa famille, il y a Louis et Spike et c’est pour eux qu’il se démène, pour tenter de ramener de quoi vivre à la fin du mois. Et ce n’est pas possible, alors il se fait très discret.

Pourtant, il fait tout cela, il risque tout pour aider quelqu’un, parce que c’est ainsi qu’il fonctionne. C’est pour cette raison que Leandre a voulu être policier, il voulait se sentir utile pour la population. Son grand cœur pourrait le perdre un jour ou l’autre, mais il ne peut pas s’en empêcher. Combien même Roz a pu le faire souffrir, il ne peut pas la laisser ainsi, sans qu’elle ne sache la vérité, et lui aussi n’aime pas laisser une telle injustice se produire.

Un homme est mort pour en protéger un autre dans une histoire de drogue. Leandre n’était pas en charge de l’affaire, et ça ne lui fait pas plaisir de voir que tout a été bâclé pour protéger la couverture de la taupe de la police dans cette organisation criminelle.

– Ça va tu me prends pour qui ? J'ai rien dit d'alarmant tu crains rien.

Il n’en doute pas, la brune n’est pas idiote au point de venir tout capoter. Tout ce qu’il veut, c’est qu’on évite de la voir par ici. La police sait qui elle est, et qu’elle était proche de l’homme tué et cela pourrait vite dégénérer. C’est pour cela qu’il est un peu contrarié, pas en colère, mais surtout effrayé.

– Puis je vois pas le mal dans le fait qu'une vieille connaissance vienne prendre des nouvelles de son ami d'enfance sur son lieu de travail.

Il n’y a pas de mal à cela, sauf quand on a été impliqué de près ou de loin à une enquête policière, et quand celui à qui on rend visite travaille justement comme policier, peu importe les relations qu’ils entretiennent.

Et même si la relation qu’ils entretiennent n’est pas au beau fixe, il faut qu’ils fassent attention à tout ce qu’ils font ensemble. Leandre lui en veut terriblement, quand elle est partie, elle l’a laissé, ne lui donnant pas de nouvelles et il en a été fortement blessé.

– Tu sais très bien qu’on peut pas nous voir ensemble ici, même avec les meilleurs attentions du monde.

Il voudrait lui rappeler qu’ils ne sont pas censés faire tout cela, et combien même c’est avec un but louable. Ce besoin de justice qu’elle ressent, il le partage, mais ce n’est pas faisable en se donnant en spectacle de la sorte.

A vrai dire, il aurait aimé qu’elle ne revienne pas, c’est horrible de se dire cela, pourtant au plus profond c’est ce qu’il ressent. Leandre aurait voulu qu’elle ne soit pas de retour dans sa vie. Elle a foutu un joyeux bordel, mais sa grande générosité l’empêche de l’envoyer bouler. Combien même il l’aurait voulu.

– Mais maintenant que tu es là, qu’est-ce que tu veux ?

Il n’y a pas d’agressivité ou d’animosité dans sa voix, juste un peu de curiosité, et surtout un peu d’inquiétude, même s’il aurait voulu le dissimuler. Si elle est venue jusqu’ici c’est pour une bonne raison, et il aimerait bien la connaître, sachant que c’est plutôt risqué en l’état actuel des choses.

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@roz roscoe