- excuse me ✸ (inola) -

tu n'aurais pas une bouteille de lait?

Aujourd'hui, c'est ton jour de congé avant d'entammer une longue période de boulot surtout avec la tempête qui se prépare, tu sais que tu n'auras pas le temps de souffler et que la charge de travail sera dense. Alors, tu profites car tu as le temps pendant trois jours avant de reprendre le boulot. Luka n'a pas su avoir ces deux-trois jours de congé mais ce n'est pas grave puisque vous avez prévu de vous accorder au moins deux grosses semaines en haute saison et au moins une à l'étranger. Cela fait un moment que vous prévoyez de partir en vacance car vous n'avez jamais eu le temps jusqu'ici. Entre vos boulots respectifs, la maison que vous avez acheté et qu'il a fallu retapée à votre gout... mine de rien, ça prend pas mal de temps de tout gérer en même temps. Alors, travaux finis, vous voulez prendre du temps rien que tous les deux. Seulement, toute seule, à la maison, et malgré les animaux, tu t'ennuies alors tu décides de faire des mousses aux chocolat. Tu sais que Luka en raffole mais en réunissant tous les ingrédients nécessaires pour pouvoir les concocter, tu t’aperçois que tu n'as plus de lait. u te tapes la paume de la main sur le front tout en prenant soin de te traiter d'idiote car tu as oublié d'en acheter alors que tu avais fait les courses pas plus tard que ce matin. Et Luka a pris ta voiture puisque la sienne est au garage. Tu souffles, exaspérée de ta propre personne. Bon et bien, tu n'as pas le choix, tu dois t'amuser à aller sonner chez les voisins histoire de voir si l'un ou l'autre ne pourrait pas te dépanner d'une bouteille. Tu les veux vraiment ces mousses au chocolat. Heureusement pour toi, c'est un nouveau cartier et donc, il n'y a pas encore beaucoup de maison dans ta rue. Cela devrait aller vite.

Après avoir sonné à la cinquième maison et avoir eu une cinquième réponse négative, tu arrives à la dernière, n°223, chez une certaine Nola Winters. Tu n'as pas vraiment eu le temps d'aller voir les voisins pour les saluer quand Luka et toi êtes arrivés. C'est pas vraiment ton truc de faire du porte à porte pour te présenter. Tu aimes ta solitude, ton petit cocon, ta petite bulle contrairement à Luka qui est plus à aller vers les autres instinctivement. Pas que tu sois insociable, loin de là mais tu es plus réservée. Toi, ton truc, c'est les relations animales et non humaines. Tu pousses la grille pour arriver à hauteur de la porte d'entrée et tu sonnes, soupirant de nouveau. En espèrent que cette fois-ci c'est la bonne car sinon tu peux te taper le magasin à pattes et c'est pas tout près. C'est ça, aussi, d'avoir choisi un secteur éloigné du centre ville.

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Tu portes le même linge depuis trois jours. Ou du moins, tu penses que c’est de là que remonte ta dernière douche. Tu meurs de faim aussi, tu peines à te souvenir la dernière fois que tu as eu le temps de t’asseoir confortablement et pris le temps de manger un repas encore chaud. T’as perdu la notion du temps, t’es prisonnière de cette bulle de folie passagère qu’est le manque de sommeil. Juliette est attachée à toi ce qui semble être 24 heures sur 24 et tu peines à gérer avec ses pleurs incessants, son besoin de réconfort constant et sa régression du sommeil. Tu as l’impression que vous n’avez pas dormi depuis une éternité et tu rêves d’un moment de répit. Tes pères aident comme il peut, mais ils sont tous les deux partis en voyage depuis une semaine ce qui explique ton incapacité soudaine à pouvoir prendre une douche sans halluciner constamment un bébé qui pleure. Tu échappes un long soupir alors que Juliette pousse quelques hurlements de fatigue et tu commences à lui chanter une berceuse. Elle met quelques minutes à s’endormir et tu es surprise lorsqu’elle reste endormie après que tu l’aies déposé dans son berceau. Tu profites de ces quelques minutes de répits pour filer sous la douche et enfin enfiler des vêtements qui ne sont pas couverts de bave et de vomis de bébé. L’eau chaude coule longuement sur ta peau et malgré la fatigue, tu te sens bien. Tu regardes tes bras et tu te surprends encore de ne pas voir ta peau bleutée. Surprise encore quand tu ne ressens aucune douleur alors que tes doigts s’aventurent le long de tes cuisses qui elles aussi n’ont aucune trace de violence. Ça fait tellement longtemps que ton corps porte les traces de la violence de celui qui disait t’aimer tant que tu peines à reconnaître ton corps sans les conséquences de sa colère. Tu enroules une serviette autour de tes cheveux une fois sortie de la douche, et tu t’empresses d’enfiler un pyjama propre par peur que la petite se réveille. Tu passes devant sa chambre temporaire et tu es soulagée de voir qu’elle est encore endormie, tu sais trop bien qu’elle a besoin d’une bonne sieste. Tu descends à la cuisine ou tu attrapes la pinte de lait et une boîte de céréales que tu verses généreusement dans un bol. T’as pas le courage de te cuisiner quoique ce soit, tu préfères profiter de ce temps pour toi pour t’asseoir devant la télé et apprécier de ne sentir que le poids de ton propre corps. Tu viens à peine de t’installer sur le sofa lorsque tu entends la sonnette à l’entrée. « Fuck. » que tu murmures, espérant que le bruit n’ait pas réveillé ta fille. Tu n’entends pas de pleurs alors tu te diriges rapidement vers la porte, t’as surtout pas envie que la personne se mette à sonner une deuxième fois. Tu ouvres la porte sur une jeune femme d’environ ton âge mais dont tu ne reconnais pas le visage. « Oui? » que tu dis, la voix fatiguée, un peu agacée d’être déranger pendant ce temps oh si précieux.

@inerys kazansky