- your mess is mine (anissa) -

your mess is mine.

talking like we used to do, it was always me and you. shaping up and shipping out, check me in and check me out. --- @anissa ziegler

La journée avait été longue. Comme à son habitude, Adam réajuste son costume avant de s'enfoncer dans la nuit. L'heure du dîner sonne, et cette fois-ci, il ne sera pas en retard. Promesse qu'il se fait, alors que la chaleur de son bureau lui fait parfois perdre l'appréciation du temps qui se passe. Il y a des choses auxquelles il tient pourtant ; une routine délicate et délicieuse qu'il apprécie, et qui le fait se sentir en sécurité. Leur couple, ils ont réussi à le reconstruire au fil des mois. Renforçant ses fondations branlantes afin de bâtir quelque chose de plus stable, et peut-être de plus sain.

C'est pour ça qu'Adam s'évertue à être à l'heure. D'une ponctualité alarmante, même lorsqu'il se sent emporté par l'un de ses dossiers, il y a toujours une part de lui qui s'attache à la silhouette d'Anissa. Esprit qui l'occupe, qui l'habite – et qu'il veut rejoindre. Inlassablement, il retour vers elle, débordant d'un amour qu'il essaie d'exprimer par des petits riens. Des fleurs, des cadeaux, des attentions finalement qu'il ne parvenait plus à démontrer après la fausse-couche d'Anissa. Et, aujourd'hui encore, il ne cherche pas à se dédouaner de ses fautes ; il aurait sans doute dû être plus présent à ses côtés, plutôt que de s'enfoncer dans un travail qui lui occupait d'ailleurs suffisamment de son temps. Mais, la communication était devenue chevrotante. Ployant sous le poids de non-dits et d'émotions mal digérées. Il s'en souvient encore, Adam, alors qu'il allume le contact de sa voiture et presse ses doigts autour du volant, essayant de s'extirper de la place de parking dans laquelle il s'était fichu. Il se souvient – de tout, vraiment. Et malgré tout, il est heureux. Heureux de savoir que son couple a été résistant au aléas de la vie, se dressant face à des événements qui auraient pu les détruire. Il voit à quel point leur lien est fort – et il pense naïvement en percevoir toutes les nuances. Ce sont les battements calmes et mesurés de son cœur qui lui dictent cette chimère dans laquelle il pense vivre.

Ainsi, fonder une famille est devenue l'une de ces priorités qu'il ne parvient pas encore à formuler. Adam préfère laisser du temps à Anissa – tout le temps du monde, si elle le souhaite. Il ne peut toutefois pas ignorer le vide qui grandit dans le creux de son estomac, et tout ce qu'il voudrait faire à ses côtés. Une effusion d'émotions qui aurait vite fait de l'effrayer – du moins, c'est ce qu'il pense. Alors il garde un silence prudent, l'avocat, cherchant quelques moyens subtils pour lui faire voir ce qu'il ressent réellement. Il trouve ça amusant – que de se dire que sa relation est devenue inébranlable, et d'être pourtant incapable de s'ouvrir totalement de ce côté-là. Il a le cœur plus grand que les yeux, Adam, aveuglé par les sentiments. Incapable de faire la part des choses.

Tranquillement, il se gare devant la maison qu'il partage avec sa femme. Coupe le contact, et le moteur cesse de vrombir. Adam sort de la voiture, claque la portière et remonte l'allée qui le sépare de la porte d'entrée. Lorsqu'il franchit le pas de la demeure, il jette ses clefs de voiture dans un petit cendrier en verre dans l'entrée et retire la veste de costume qui coupe certains de ses mouvements. Après l'avoir accrochée au porte-manteau, Adam s'élance dans le salon où il va saluer Anissa. « Bonsoir, Anie. » Ses lèvres enlacent rapidement celles de sa femme. Il se dirige alors vers le bar, d'où il sort deux verres, et une vieille bouteille de whisky. Quelques secondes plus tard, il se dirige vers Anissa et lui tend un verre en cristal, alors d'en siffler lui-même une gorgée du sien. « Tu as passé une bonne journée ? » S'enquiert-il en s'installant sur le canapé, yeux dont l'éclat ne se perd jamais.

(c) sweet poison

your mess is mine@Adam Ziegler

Le temps s’envole trop vite, sans qu’elle ne le voie passer. Sans qu’elle ne comprenne, véritablement, ce qui est en train d’arriver. Ce que depuis des mois, elle fait. Le temps s’envole trop vite, peut-être parce qu’elle a toujours fait en sorte d’être très occupée. De cette façon-là, Anissa, elle n’avait pas autant de temps qu’avant, à passer à la maison. De cette façon-là, aussi, elle pouvait plus aisément retrouver le déni. Oublier les pensées, les sentiments, la confusion, les tourments, la perdition. Oublier qu’à un moment donné de sa vie, tout a commencé à partir en vrille. Qui est-elle, aujourd’hui ? Une femme qui a tellement souffert, qu’elle ne sait plus rien faire correctement ? Qu’elle ne sait plus que semer le chaos, se faire du mal et en faire aux autres ? Ou est-ce qu’elle a toujours été ainsi, An ? Est-ce que l’infidélité sommeillait en elle depuis toujours ? Les rares fois où elle tente de se repasser tous les événements en boucle, pour tâcher de comprendre, elle finit toujours par abandonner. Parce que la réflexion est trop difficile, n’aboutit à aucune conclusion. Santiago a toujours fait partie de sa vie, mais jusqu’à récemment, elle ignorait qu’elle pouvait l’intéressait, ignorait que l’attraction puisse être mutuelle, qu’il puisse éprouver la même chose pour elle. A un moment donné, Adam est entré dans son existence, supplantant le brun, supplantant les sentiments qu’elle éprouvait pour ce dernier, le supplantant dans son cœur et dans sa vie. Elle n’a jamais délaissé Santiago, Anissa, même en étant avec Adam ou un autre, d’ailleurs – non, Santiago a toujours fait partie de sa vie. Simplement, à certains moments, elle a été capable d’oublier ce qu’elle pouvait éprouver pour lui, pour se concentrer sur quelqu’un d’autre. Elle se souvient même d’une époque, où elle était tout simplement folle d’Adam. Il éveillait des tonnes de choses en elle, à ce moment-là – des tonnes de choses que Santiago ne lui faisait pas éprouver, parce que l’amour qu’elle avait pu lui porter n’était, elle le croyait, pas réciproque. Adam, il est le premier à l’avoir aimée en retour ; le premier à lui avoir fait vivre des choses magnifiques, inoubliables. Elle se demande aujourd’hui encore, parfois, si ce n’était pas la nostalgie de cette époque-là, de cette adolescence, qui l’avait jetée à nouveau dans ses bras, en le recroisant des années plus tard. Si ce n’était pas, alors, la nostalgie de leur première histoire, la nostalgie des frissons, des papillons dans le ventre. Leur histoire est belle, quand même, quand elle y pense, Anissa. Leur histoire est belle, parce que c’est le premier amour qui s’est retrouvé, des années après, plus fort et solide que jamais. Mais tout cela, à présent, n’est plus – elle a gâché sa belle histoire. Gâché leur mariage. Mais ce qu’elle se reproche, Anissa, c’est d’avoir tout fait dans le désordre. Elle ne regrette pas Santiago, elle ne regrette pas de l’aimer, elle ne regrette pas ce qu’il lui fait ressentir, elle ne regrette pas la douceur, la tendresse, et ce qui se rapproche du bonheur, quand elle est à ses côtés. Mais elle ne cautionne pas ce qu’elle-même fait, elle ne cautionne pas l’adultère et pourtant, elle ne dit toujours pas la vérité, elle camoufle toujours son infidélité, elle fait comme si de rien n’était. Elle se prépare encore à jouer la comédie, Anissa, alors qu’elle entend la voiture de son mari se garer devant la maison. C’est toujours la même appréhension, qui l’emplit. Pas parce qu’elle a peur que ça se passe mal, mais parce qu’elle ne sait pas comment les choses vont se passer. Parce qu’elle ne sait pas si Adam ne devine rien, parce qu’elle craint qu’il ne se doute de quelque chose, même si dans le fond, de cette façon, elle n’aurait plus à prendre l’initiative d’elle-même demander le divorce – elle pourrait en quelque sorte se dédouaner de sa responsabilité. Elle est en train de lire un livre au salon, Anissa, peut-être surtout histoire d’être occupée, histoire de pouvoir éviter son regard, histoire de paraître un peu moins traître. Mais Adam arrive, et il lui faut bien le saluer – faire comme si rien n’avait changé. « Hey. » répond-elle en se levant, léger sourire aux lèvres, pour accueillir son baiser. Elle retourne vite s’asseoir sur le canapé, pour reprendre contenance, pour ne pas laisser voir son trouble. Son comportement avec son propre mari n’a plus rien de spontané, de naturel, et elle le sait. Elle se déteste pour ça, An. Parce qu’Adam mérite mieux que ça. Ses yeux suivent quand même le mouvement d’Adam, qui remplit deux verres de whisky, avant de lui en tendre un. « Merci. » fait-elle, en l’attrapant, avant de s’installer un peu plus dans le fond du canapé, contre le dossier. Elle ne tarde pas à en boire une gorgée, sentant l’alcool lui brûler agréablement la gorge – lui rappelant l’époque, pas si lointaine, où elle se mettait beaucoup trop souvent la tête à l’envers. « Oui, ça va. J’ai un peu avancé la prochaine expo. Et je suis vite fait passée à la galerie après. » Galerie de son père, qu’elle restaure très lentement, Anissa, surtout parce qu’elle y retrouve son amant, parfois. Un jour, peut-être, elle prendra son courage à deux mains, pour la galerie aussi, et elle en reprendra les rênes, comme son père l’y destinait. « Et toi ? » demande-t-elle à son tour, rassurée de cette conversation qui se fait, si facilement, pour l’instant. Elle craint toujours, la blonde, qu’à un moment ou l’autre, elle ne sache plus trouver les mots. « Je pensais commander à dîner. » Peut-être que ce pourrait être sympa. Même si d’habitude, elle préfère cuisiner, parce qu’ainsi, elle est occupée, parce que ça la calme.

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Adam est heureux. C'est idiot (sans doute), mais jamais il n'a été plus heureux qu'à observer la silhouette d'Anissa. Jamais il ne s'est senti plus en paix que de la savoir à ses côtés. Coeur qui s'est brisé autrefois, épreuve redoutable dont ils sont pourtant sortis indemnes. Et la joie ; la joie d'être ici, au sein de cette vie qu'ils ont construire à deux, et de pouvoir l'aimer sans la moindre retenue.

L'amour – sentiment dont Adam n'a jamais sous-estimé la grandeur, et les contours tantôt houleux, tantôt doucereux. Le cœur sur les mains, il l'offre à Anissa. Car c'est ainsi qu'il est ; à s'offrir inconditionnellement, viscéralement. Je n'en ai jamais aimé une autre. Il n'y en a eu qu'une et, naïvement, il pensait qu'il n'y en aurait qu'une. Le mariage était scellé, et le bateau était lancé. A être installé ici, au creux de ce canapé sous ce toit qu'ils partagent, Adam se sent chanceux d'être ainsi, celui qu'Anissa a choisi. Elle aurait pu avoir n'importe qui d'autre – et l'a choisi, lui. Une décision qu'Adam n'a jamais réellement compris, même s'il s'en est accommodé avec brio.

C'est ainsi qu'il se lève chaque matin, pieds tapant le sol avec force et conviction. Pour Anissa – pour lui montrer qu'il est là. Gravé dans son estomac, il lui est vulnérable. Et il ne le sait pas, Adam, qu'il lui suffirait d'une seule révélation pour être tomber, brisé, à ses pieds. Fragilité bien cachée au fond de lui, qui n'attend que son heure pour faire palpiter ses veines et l'envahir de chagrin. Pour le moment, les apparences bien que trompeuses l'enivrent d'une certitude dans laquelle il prend soin de se complaire ; sa vie est belle. Songer le contraire le détruirait. Alors pas ici, pas maintenant.

La voix d'Anissa est chaude, gorgée de l'alcool dont elle se délecte. Adam ne tarde pas à l'imiter, whisky qui fait doucement frémir sa langue à son contact épais, presque amer. Il réprime un frisson, esquisse un sourire. « La galerie va être prête en un rien de temps. » Commente-t-il, intonation presque taquine, à l'en voir rougir. « La journée a été longue. Avec, en prime, un dossier compliqué qui ne me sort pas de la tête. » Il n'en dira pas plus ; il n'en a pas besoin. Il a pour habitude de garder ce genre de détail pour lui. Mais en énoncer les formes l'aide parfois à trier ce à quoi il pense. « La routine, en somme. Oh d'ailleurs, j'y pense : le cabinet organise une soirée dans les prochaines semaines, date à confirmer – et les conjoints y sont conviés. Tu es d'accord pour te joindre à moi ? » Demande prononcée à demi-mot, sur le ton de la conversation alors qu'il épie ses moindres réactions – craignant parfois d'appuyer sur le mauvais bouton.

Mais la réponse est automatique, et vient du cœur. « Commander à dîner ? Qu'avez-vous fait de ma femme ? » Un éclat de rire l'étouffe, avant qu'il ne siffle une nouvelle gorgée de whisky. « Ca me va, tout me va – des idées ? Des préférences ? » S'enquiert-il, fantôme d'un sourire étirant toujours ses lippes. Adam a l'oeil brillant, de cet éclat qui n'apparait pas souvent mais qui vrille ses prunelles à certains moments. Ce soir-là, peut-être est-ce la fatigue couplée à l'alcool qui envahit son estomac vide, il se sent de bonne humeur. Il l'est toujours, plus ou moins, mais cette fois-ci, Adam se rapproche de l'euphorie et ne saurait s'en plaindre.

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Jamais elle n’avait pensé être si douée pour la comédie. Jamais elle n’avait cru devoir le faire. Parce qu’en épousant Adam, elle était sincère. Personne ne lui avait forcé la main, surtout pas lui – même pas elle-même. Quand elle y repense, Anissa, elle se demande comment les choses ont pu dégénérer à ce point. Elle l’aimait sincèrement, passionnément – elle s’épanouissait à ses côtés, s’épanouissait dans une histoire qui avait recommencé. Ils s’étaient retrouvés, après des années de séparation, après des années à vivre l’un sans l’autre ; ils s’étaient retrouvés par hasard, et elle avait voulu y voir un signe, la blonde. Le signe qu’il était le bon, Adam. Le signe qu’il était l’amour, et puis l’homme, de sa vie. Le signe qu’elle devait finir sa vie, avec lui. Elle y croyait tellement, Anissa, éblouie par ce vieil amour qui avait connu une des plus belles renaissances. Et pourtant, déjà, à l’époque, il y avait toujours le même dans l’ombre – mais celui qu’elle croyait à jamais inaccessible, celui auquel elle avait renoncé avant même de tenter quoi que ce soit, parce que l’amitié était un rempart suffisant, un obstacle conséquent, un tue-l’amour évident. Parce que l’amitié l’avait poussée à éteindre le brasier en elle, qu’elle réprimait tant bien que mal, depuis des années déjà. Elle ne voulait pas perdre Santiago, Anissa – elle voulait qu’il soit là, dans sa vie, d’une manière ou d’une autre, et s’il ne pouvait pas être celui qui l’aimait, il pouvait être le premier vers lequel elle se tournait, en cas de besoin. Avec le temps, le déni a simplement camouflé l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Avec le temps, elle a pu, plus aisément, s’intéresser à d’autres hommes, croire que ça marcherait, en souffrir quand ce n’était plus le cas. Elle a pu se projeter dans l’avenir, avec l’un d’eux. Et qui d’autre que son premier amour, du moins officiel, pour remplir ce rôle, hein ? Peut-être était-ce plus facile d’épouser Adam, que d’en épouser un autre, tout recommencer avec un autre. Pourtant, elle était véritablement sincère, An, en l’épousant – il n’y avait aucune intention de se servir de lui, pour quoi que ce soit. Adam n’était pas un pansement, encore moins un remplaçant. Et maintenant ? Quand elle s’est disputée avec Tiago, quand il lui a semblé plutôt clair qu’il ne voulait plus lui parler, elle s’est mise à faire des efforts avec son époux, An, enfin. C’est comme si elle avait connu une prise de conscience. Mais en réalité, c’était injuste pour lui. Et maintenant qu’elle se tape purement et simplement Santiago dans le dos d’Adam, elle joue la comédie, sans pour autant pouvoir aller jusqu’au bout – à fuir quelque peu, malgré elle, les trop longues étreintes, parce qu’elle craint qu’il ne lui sente l’odeur d’un autre, et les ébats qui commencent à remonter, probablement antérieurs au début de sa liaison. Mais elle joue la comédie, An, peut-être plutôt bien – parce qu’il lui semble qu’Adam ne voie rien. Il a l’air joyeux, ce soir. De bonne humeur, du moins. Elle ne saurait trop dire, An. C’est peut-être une forme d’insouciance, couplée à l’innocence. Elle est sans doute crédible. Elle l’espère, du moins – se dérobe à sa promesse, à son honnêteté, en repoussant sans cesse le moment de lui dire la vérité, de le quitter. « Il y a quand même du boulot, encore. » s’empresse-t-elle, peut-être, un peu trop, de répondre. Parce qu’elle a besoin qu’il y ait encore du boulot, pour l’instant – même si c’est le cas, effectivement. Elle n’avance pas, Anissa, parce qu’elle a la tête trop ailleurs, parce qu’elle retrouve autant que possible, Santiago. « Heureusement qu’elle est finie, alors. Tu vas pouvoir penser à autre chose. » Même si elle se doute, que ce n’est pas si évident. C’est parfois difficile, de laisser le travail en-dehors de la maison. Elle-même, en sait quelque chose – après la fausse couche, outre l’alcool, elle s’est noyée dans le travail. Elle se perd un instant dans ses pensées, An, quand Adam lui parle d’une soirée organisée prochainement, par le cabinet. Un court moment, elle sent son cœur battre plus vite, avant de s’apaiser – ce n’est qu’une soirée, qu’une brève représentation, un acte, ou une scène, tout au plus. Elle peut bien s’y faire, et peut-être qu’elle assurera ses arrières, ainsi, en se montrant. Balayant les doutes qui ne sont pas encore présents. « Bien sûr, avec plaisir. » Elle sourit, se veut pleine d’enthousiasme. Peut-être qu’être un couple à l’extérieur, lui est finalement plus simple qu’à l’intérieur de la maison. Elle passe vite à autre chose, quand même, par sécurité peut-être, ou par réflexe. Elle lâche un léger rire, peut-être un peu trop nerveux, aux mots de son époux, avant de l’imiter, buvant une nouvelle gorgée de son verre. « Ta femme est affamée mais est trop fatiguée pour cuisiner, voilà tout. » plaisante-t-elle, avant d’enchaîner, parce que bien sûr, elle a une idée. « Je pensais commander indien, ou mexicain. Qu’est-ce que tu en dis ? Ou autre chose, si tu as envie de quelque chose de différent. » Pourquoi pas, après tout ? Elle est ouverte à d’autres possibilités. Mais, c’est vrai qu’elle a faim, qu’elle a bien envie de manger épicé, ce soir.

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L'amour qu'Adam porte à Anissa est – inébranlable. C'est ce qu'il croit, et c'est ce qu'il ressent. Carne qui faiblit sous les moindres battements de son cœur heureux, et surtout aimant. Les sentiments qui picotent ses veines lui font souvent dire à quel point il est chanceux d'être l'homme qu'elle a choisi. L'éternité – il se plait à penser qu'ils observent tous les deux, proches sans pour autant vivre l'un sur l'autre. Ils s'aiment, mais sont également indépendants. Relation fardée de confiance aveugle, et d'une compréhension mutuelle de ce que leur vie pourrait leur apporter. Evidemment, il n'a aucune idée que le fantôme des lèvres de Santiago persiste encore sur celles d'Anissa – et s'il le savait, que ferait-il ? Lui pardonnerait-il ? Jurerait-il ? Claquerait-il la porte ? Ou se battrait-il ? Oh, Adam n'y songe pas et ne s'est jamais prêté à de telles fantaisies. Il a le cœur léger, au sein de son couple, toutes ses inquiétudes se focalisant sur ce travail qui lui bouffe parfois une partie de ses bons sentiments. En présence d'Anissa, ses doutes se dissipent – et il a l'impression d'être à la maison lorsqu'il est à ses côtés. Ainsi, tandis que ses lèvres trempent dans le liquide ambré, il se délecte non seulement du goût de l'alcool – mais aussi de cette présence somptueuse, angélique, qui donne du charme à son existence.

Ce soir-là, Adam a l'humeur des bons jours. Il s'intéresse, pose des questions, s'ouvre – et pousse Anissa à faire de même. Alors, lorsqu'elle lui rétorque qu'il y a encore du travail à faire sur la galerie avant qu'elle ne soit tout-à-fait prête, l'avocat s'empresse de lui demande : « Que te reste-t-il à faire exactement ? Je peux peut-être t'être utile ? » La question qui l'occupe au quotidien – que faire pour rendre l'existence des autres plus facile ? Comment vivre sans esquisser le moindre geste, sans tendre la main ? Lorsqu'Anissa lui dit enfin qu'il va pouvoir penser à autre chose, maintenant que la journée (éprouvante) de travail est terminée, Adam acquiesce silencieusement et siffle une nouvelle gorgée de whisky, visage qui se tord d'une grimace alors qu'il s'approche lentement d'une douce euphorie.

Tranche de sourire qui coupe ses lèvres fines, quand Anissa accepte de l'accompagner à la soirée organisée par le cabinet. Il n'est pas forcément surpris – mais il aurait pensé qu'elle refuserait éventuellement. Il n'est jamais trop sûr du pied sur lequel danser en sa compagnie en ce moment, n'est jamais certain de ses réponses ou de ses pensées. Malgré leur relation qui, à ses yeux, a retrouvé la douceur d'antan – il y a encore des choses qui semblent la chiffonner ici et là. Choses qu'Adam ne préfère pas aborder, craignant de créer tempête et déluge. « Parfait, merci de bien vouloir accompagner ton pauvre mari, et de faire la conversation à ses collègues pendant qu'il se jettera avec les petits fours. » Réplique taquine qu'il souligne d'un énième sourire en coin, vite rattrapé par les quelques dossiers qui l'attendent au bureau.

Sans attendre, Adam s'esclaffe et hoche la tête. « Je suis mal placé pour critiquer ; tu cuisines bien plus souvent que moi... et c'est toujours délicieux. » Précise-t-il tendrement – en la matière, il suit la cadence de sa femme sans vraiment y réfléchir à deux fois. Bien trop occupé la journée pour songer au dîner, si Anissa ne prend pas les choses en main, ils commanderaient certainement à manger cinq jours par semaines. « Mexicain me semble bien. » Acquiesce-t-il. « Et choisis pour moi, dis. J'aimerais bien être surpris. » Suggère-t-il, peu enclin à réfléchir – mais désireux d'une nouvelle gorgée d'alcool, finissant son verre dans la foulée. Il se tend et pose le récipient en cristal sur la table basse, et darde sa femme de son regard rieur.

(c) sweet poison

» what an awful mess
» ▸ anissa's phone
» a hot mess. (myra)
» (anissa), i hope you're thinking of me.
» (anissa), chemically drawn closer to you.